Le Conseil Présidentiel de Transition s’effondre sous le poids de la corruption

Written on 12/19/2024
Jeff Blanc

La crise au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) d’Haïti atteint son paroxysme, révélant une institution minée par les promesses non tenues et les compromissions morales. Alors que le pays espérait un organe capable de conduire une transition crédible, les agissements de certains de ses membres ont terni l’image déjà fragile de cette structure censée incarner l’intégrité et la transparence.

Dans une interview accordée à Radio Magik 9 mercredi, Joël Édouard Vorbe, figure de proue du parti Fanmi Lavalas, a dénoncé avec véhémence l’attitude des trois conseillers-présidents de la CPT : Smith Augustin, Louis Gérald Gilles et Emmanuel Vertilaire. Ce dernier, impliqué dans un scandale de corruption lié à la Banque Nationale de Crédit (BNC), avait promis de démissionner si la justice ouvrait une enquête. Aujourd’hui, malgré les soupçons qui pèsent sur eux, ils s’accrochent à leur poste comme des naufragés à une bouée de sauvetage, ignorant l’indignation publique et foulant aux pieds leur parole d’honneur.

Une promesse non tenue, un pays trahi

Le maintien de ces conseillers est plus qu’un affront à l’opinion publique : c’est un coup porté aux fondements mêmes de l’État de droit en Haïti. Leur refus de démissionner, malgré les accusations de corruption, plonge la CPT dans une paralysie institutionnelle qui risque de compromettre le processus de transition. De plus, leur obstination témoigne d’un mépris flagrant des principes de responsabilité et d’imputabilité auxquels ils devraient être soumis.

Le parti Fanmi Lavalas, par la voix de Joël Édouard Vorbe, n’a pas mâché ses mots : ces hommes « n’ont pas de parole d’honneur ». Un constat cinglant, mais qui reflète une réalité évidente dans un pays où les engagements politiques sont trop souvent foulés aux pieds dès qu’ils deviennent contraignants.

Un président sans marge de manœuvre

Depuis octobre, le Conseil est dirigé par l’architecte Leslie Voltaire, représentant de Fanmi Lavalas dans cette transition périlleuse. Mais face à l’inertie des trois conseillers contestés, son leadership semble sérieusement compromis. Comment peut-il présider un organe gangrené par les intérêts personnels et miné par les querelles intestines ? Sa présidence ressemble de plus en plus à un mandat symbolique, étouffé par les scandales et paralysé par le manque de volonté politique de ses membres.

Vers un effondrement total ?

L’avenir du Conseil présidentiel de transition ne tient plus qu’à un fil. Chaque jour qui passe sans décision concrète affaiblit un peu plus sa légitimité. Le peuple haïtien, déjà éprouvé par des années de gouvernance chaotique, voit avec amertume cette institution s’enliser dans les jeux de pouvoir et les compromis.

Si les trois conseillers incriminés persistent dans leur refus de partir, ils signeront non seulement la fin du CPT, mais aussi celle de toute possibilité de transition politique crédible. Le temps des promesses en l’air est révolu : il est temps que la justice, le peuple et les forces vives du pays demandent des comptes et mettent fin à cette mascarade politique qui menace de plonger Haïti dans un chaos encore plus profond.