Depuis près de huit ans, Haïti n’a pas organisé d’élections permettant à la population de choisir librement ses dirigeants. Ce vide électoral a plongé le pays dans une crise politique profonde, laissant place à des régimes de fait qui gouvernent sans légitimité populaire. Ces derniers s’appuient sur des pratiques autoritaires, souvent en alliance avec des bandes armées, pour consolider leur pouvoir.
La corruption est omniprésente dans toutes les sphères de la société haïtienne. En l’absence de dirigeants élus, des fonctionnaires et des hommes politiques imposés détournent les institutions publiques à leur profit. Ils utilisent les ressources de l’État non pas pour servir la population, mais pour renforcer leur contrôle sur le pays, alimentant ainsi une spirale de violence et d’injustice.
Les journalistes, traditionnellement considérés comme les gardiens de la démocratie, n’échappent pas à cette dérive. Nombre d’entre eux, influents mais vulnérables à la corruption, deviennent les porte-parole des régimes en place. Plutôt que de dénoncer les abus, ils se transforment en lobbyistes, défendant les intérêts des politiciens et des bandes armées en échange de faveurs ou d’argent.
Cette situation est exacerbée par les agissements de certains directeurs généraux d’institutions publiques. Des personnalités telles que Normil Rameau le DG de la PNH, Marguerite Berthe Marescot de l’ONA et Jean Ronald Joseph du FNE sont accusées de corrompre des journalistes afin de dissimuler leurs propres actes de corruption. Ces alliances renforcent l’impunité et privent la population de toute transparence dans la gestion des affaires publiques.
Pourtant, le rôle de la presse devrait être tout autre. Dans un pays comme Haïti, en proie à l’instabilité, les journalistes ont le devoir de dénoncer les abus et de donner une voix aux citoyens oubliés.
Malheureusement, la collusion entre une partie des médias et des acteurs corrompus fragilise encore plus la démocratie haïtienne.
L’absence prolongée d’élections n’est pas un simple dysfonctionnement institutionnel : c’est un levier délibéré pour maintenir le statu quo. Tant que des élections libres et crédibles ne seront pas organisées, Haïti restera à la merci de ces alliances toxiques entre corruption, bandes armées et politiciens illégitimes.
Source Photo: Radio France