Chaque année, le 10 décembre marque la Journée des droits de l’homme, célébrant l’anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH). Proclamé le 10 décembre 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies, à Paris, ce document historique énonce les droits fondamentaux inaliénables de tout être humain, indépendamment de sa race, couleur, sexe, langue, religion, opinion ou origine sociale. Pourtant, en Haïti, les récentes violences soulèvent des interrogations profondes sur la possibilité de respecter et de célébrer ces principes universels.
Un week-end sanglant à Port-au-Prince
Le 9 décembre, le quotidien haïtien Le Nouvelliste a rapporté un massacre à Cité Soleil, où au moins 184 personnes ont été tuées, selon l’ONU. Ce drame porte à 5 000 le nombre de victimes recensées cette année dans le pays, selon Volker Türk, haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, qui s’est exprimé lors d’une conférence de presse à Genève.
Les violences auraient été déclenchées par une rumeur. Après la maladie mystérieuse de son fils, Monel Felix, alias “Micanord”, chef d’un gang local, aurait consulté un prêtre vaudou qui aurait désigné des retraités du quartier comme responsables, les accusant de sorcellerie. En représailles, ses hommes auraient exécuté ces personnes âgées tout au long du week-end.
Un écho à d’autres massacres récente
Cet épisode macabre rappelle la tuerie du 3 octobre à Pont-Sondé, où 115 personnes avaient été massacrées par un autre groupe armé. Ces événements mettent en lumière la crise sécuritaire persistante en Haïti, où les gangs armés continuent de semer la terreur.
Malgré l’arrivée en juin dernier de près de 400 policiers kényans dans le cadre de la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti (MMAS), les résultats restent limités. La mission, prolongée jusqu’en octobre 2025, peine à faire face aux défis croissants en raison d’un manque de financement et d’une situation locale complexe.
Alors que la Journée des droits de l’homme invite le monde à réfléchir sur les valeurs d’égalité, de dignité et de justice, la situation en Haïti illustre les profondes contradictions entre ces idéaux et la réalité. Dans un pays où les droits fondamentaux de nombreux citoyens sont quotidiennement bafoués, peut-on vraiment parler de célébration ? Pour les familles endeuillées et les communautés touchées par les violences, ce 10 décembre est une journée d’interrogation et de deuil, bien loin des espoirs portés par la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Guerrier James