Défenseur des droits ou complice du déni ? Smith Augustin face à ses contradictions

Written on 12/10/2024
Mackendy Filderice

Le Conseiller-Président Smith Augustin continue de susciter la controverse alors qu’il se trouve au cœur d’accusations de corruption dans l’affaire de la Banque Nationale de Crédit (BNC). Malgré ces graves accusations, il reste déterminé à se positionner en défenseur des droits de l’homme, soulignant ses engagements en faveur de la justice, de l’égalité et de la dignité dans son dernier discours à l’occasion du 76ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Mais s’agit-il d’une véritable volonté de changement ou d’un écran de fumée pour masquer des responsabilités non assumées ?

Dans son message publié le 10 décembre, M. Smith Augustin a réaffirmé son soutien aux idéaux de justice et d’égalité : « Aujourd’hui, à l’occasion du 76e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, je souhaite, aux côtés de mes collègues du Conseil présidentiel de transition, réaffirmer mon engagement en faveur de la dignité, de la justice et de l’égalité pour tous.

Cependant, ces mots prennent une résonance différente lorsqu’ils sont mis en parallèle avec sa situation actuelle. Accusé de corruption dans l’affaire BNC, Smith Augustin refuse depuis plusieurs mois de se présenter devant le juge pour répondre aux questions relatives à cette affaire. Ce refus soulève des questions : peut-on vraiment faire confiance à un dirigeant qui prêche la justice mais semble fuir ses propres responsabilités ?

Malgré ses nobles intentions, la déclaration de Smith Augustin conforte l’opinion publique dans l’idée que le pays traverse une crise de confiance dans ses institutions. Le peuple haïtien, toujours en quête de stabilité, attend des actes concrets de la part de ses dirigeants. Mais si les déclarations se multiplient, les actions restent trop timides ou, pire, contradictoires.

L’appel de Smith Augustin à un avenir meilleur, où les droits de l’homme sont protégés, est salutaire sur le papier. Mais en réalité, l’examen de ses actions personnelles contredit cette vision. Si chaque action des dirigeants doit contribuer à construire l’espoir du peuple haïtien, leur refus de comparaître devant les tribunaux apparaît comme une fuite inacceptable devant la justice et un signe inquiétant de complicité avec l’impunité.

L’opinion publique s’interroge : peut-on rester crédible en prônant l’égalité et la justice tout en refusant de répondre de ses propres responsabilités ? Le mouvement #noukapab ! utilisé dans ses discours symbolise une volonté de changement, mais ce même changement est aujourd’hui remis en cause par ses contradictions personnelles et ses actions politiques.

Les Haïtiens méritent-ils de continuer à subir ce décalage entre le discours et l’action ? Le moment semble venu pour Smith Augustin de démontrer, non seulement par des mots, mais par des actes concrets, qu’il est réellement engagé dans la défense des droits de l’homme et la lutte contre la corruption.

En résumé, Smith Augustin se trouve à un carrefour dangereux : soit il se ressaisit, se soumet à la justice et donne un nouvel élan à sa crédibilité, soit il continue à s’enfermer dans le déni, renforçant la méfiance qui pèse déjà sur sa gouvernance. Le choix est désormais entre un engagement réel et une fuite en avant dans l’impunité.