Alors qu’Haïti est plongé dans une crise systémique, il est tentant de blâmer uniquement les structures dysfonctionnelles de l’État. Pourtant, ce qui se passe aujourd’hui va au-delà de l’incapacité administrative ou des rivalités politiques : il s’agit d’une profonde crise de conscience nationale.
Depuis la chute de Gary Conille et sous l’administration actuelle, les institutions de l’État se sont figées dans une inaction mortifère. Les neuf présidents semblent incapables de converger vers des choix essentiels, laissant l’administration publique se désintégrer. Mais cette paralysie est-elle seulement le reflet d’un dysfonctionnement politique, ou met-elle en évidence un manque de vision collective pour le bien commun ?
Une population livrée à elle-même
Pendant que les élites politiques débattent, la rue témoigne d’une réalité alarmante. Des familles entières survivent dans des conditions insalubres, exposées à de multiples dangers. La souffrance humaine dans les rues de Port-au-Prince n’est pas seulement une tragédie sociale, c’est un appel désespéré à la responsabilité collective. Pourquoi l’urgence humanitaire ne devient-elle pas une priorité nationale ?
La Direction Générale des Impôts (DGI) et la douane, piliers essentiels du financement de l’Etat, fonctionnent au ralenti. Là encore, l’absence de leadership audacieux empêche ces institutions de jouer leur rôle dans la stabilisation du pays. Mais peut-on parler de paralysie sans évoquer l’indifférence sociale ?
La responsabilité du citoyen
Le changement en Haïti ne viendra pas seulement d’en haut. La crise que traverse le pays est aussi le reflet de ses valeurs collectives. L’apathie face à l’injustice, le silence face à la corruption et le manque de solidarité entre les différentes couches sociales alimentent ce statu quo. Que fait chaque citoyen pour faire avancer le pays vers un avenir meilleur ? L’engagement ne doit pas se limiter à des critiques sur les réseaux sociaux, mais doit s’étendre à des actions concrètes.
Un avenir à construire
Il est temps pour Haïti de dépasser les luttes de pouvoir et les calculs partisans. La reconstruction de la nation passe par une redéfinition des priorités : mettre l’homme au cœur des décisions, réformer courageusement les institutions et, surtout, rétablir la confiance entre les dirigeants et le peuple.
La question n’est donc pas seulement de savoir combien de temps durera l’inaction, mais surtout qui osera agir pour transformer cette crise en opportunité. Haïti ne peut plus attendre.