Scandale de la BNC : les conseillers accusés de corruption réclament la tête du juge

Written on 12/10/2024
Mackendy Filderice

La Banque Nationale de Crédit (BNC) est au cœur d’un scandale qui illustre les dérives de certains responsables en Haïti. Trois conseillers, Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire, déjà accusés de corruption, réclament la révocation du juge Benjamin Félismé, en charge de leur dossier. Ce nouveau développement met en lumière un système où l’arrogance des corrompus se mêle à l’impuissance de la justice.

Un réseau d’intimidation au sommet

Raoul Pierre-Louis, ex-président de la BNC, a révélé l’ampleur de ces pratiques criminelles. Selon lui, les trois conseillers ont exigé la somme astronomique de 100 millions de gourdes pour qu’il conserve son poste. Son refus courageux a conduit à son limogeage, marquant une tentative flagrante de museler toute résistance à leurs manœuvres. De son côté, l’ancien Premier ministre Garry Conille, qui avait appelé à leur suspension temporaire, a subi le même sort. Officiellement limogé pour « manque d’action contre l’insécurité », il apparaît comme une autre victime des représailles orchestrées par ce trio.

Une justice sous pression

Le dossier, désormais entre les mains du juge Benjamin Félismé, est en danger. Les conseillers inculpés, forts de leur influence, s’attaquent à l’intégrité du processus judiciaire en réclamant la tête du magistrat. Cette demande traduit une volonté de contourner la loi et de préserver l’impunité qui gangrène les institutions publiques. La BNC, en tant qu’entité étatique, devient ainsi l’otage de fonctionnaires corrompus qui ne reculent devant rien pour défendre leurs intérêts.

Un appel à la transparence et à la fermeté

Ce scandale va au-delà d’un simple conflit interne au sein d’une banque publique. Il met à nu la fragilité des mécanismes de redevabilité en Haïti et le manque de courage des institutions face à des acteurs bien placés. La justice haïtienne a l’occasion de montrer sa résilience en refusant de céder à ces intimidations. Renvoyer le juge Félismé reviendrait à capituler devant la corruption, renforçant l’idée qu’en Haïti, les puissants échappent toujours aux conséquences de leurs actes.

Les citoyens, témoins silencieux

Ce scandale soulève également une question cruciale : où est la société civile ? Alors que les abus des élites se multiplient, la population semble s’enfermer dans un sentiment d’impuissance. Les organisations de défense des droits, les associations professionnelles et les simples citoyens doivent se mobiliser pour exiger la transparence, non seulement à la BNC, mais dans toutes les institutions publiques.

Ce combat pour la justice n’est pas seulement l’affaire d’un procès ou d’une banque, c’est une bataille pour l’avenir de l’Etat de droit en Haïti. Si la justice cède à ces conseillers corrompus, c’est toute la nation qui en paiera le prix.