Alors que la situation sécuritaire du pays continue d’appauvrir la classe moyenne haïtienne, cette situation incertaine risque d’augmenter le nombre de familles sans-abri dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Pour certains, il s’agit de fuir la violence des gangs et d’être contraints de quitter leur maison pour s’installer dans un logement temporaire, tandis que pour d’autres, il s’agit de ne plus avoir l’argent nécessaire pour payer leur bail.
En ce lundi 2 décembre 2024, les familles interrogées expriment leur désolation, à l’idée qu’elles auront du mal à payer leur loyer déjà expiré, faute de moyens financiers. « Le propriétaire m’appelle déjà pour savoir comment je vais payer mon loyer, malgré la crise qui secoue le pays, il n’a même pas l’intention de donner un délai » a expliqué un citoyen.
Ces citoyens, qui ont répondu aux questions du journal sous couvert d’anonymat, mettent en avant la situation actuelle du pays, arguant qu’ils ne travaillent plus, que leurs commerces ont été soit pillés, soit incendiés par les groupes armés qui font des ravages à Delmas.
« Depuis plusieurs mois, les affaires sont au point mort au bas de Delmas où j’ai ma quincaillerie. En fait, ce sont des mois de déficit, et les bailleurs de fonds n’ont rien à faire, car ils ont eux aussi des impératifs budgétaires. Haïti est dans une désolation totale », se plaint Pierre Louis, qui espère que les autorités se pencheront sur la question en cette période de crise.
En attendant, les locataires qui n’ont pas été dévalisés par des bandes armées se plaignent que les banques locales n’acceptent que des retraits de 100 dollars par jour. « Dieu merci, j’ai eu la chance d’épargner, mais avec un retrait de 100 dollars seulement, je n’aurais jamais le temps de payer mon loyer à temps ».
Depuis plusieurs années, les propriétaires exigent que les loyers soient payés en dollars américains. Une décision qui devrait attirer l’attention des autorités, qui ont exigé que tout soit payé en monnaie locale, c’est-à-dire en gourdes, sur le territoire national. « L’État n’a aucun contrôle sur cette situation ; au contraire, les autorités paient leur deuxième loyer en dollars, et cela ne les dérange pas du tout « , affirme un homme.
En même temps, les propriétaires expliquent qu’ils doivent dépenser en dollars et qu’ils ne peuvent donc pas épargner en gourdes. « Nous demandons des dollars américains, car pour acheter des matériaux, nous sommes taxés en dollars, avec le taux du jour, plus élevé que celui de la Banque Centrale. De plus, les taux ne sont jamais stables, on achète à un prix et demain il faut ajouter quelques gourdes pour avoir l’équivalent en dollars. »
Cette situation, qui risque de se complexifier un peu plus chaque jour, ne fait qu’accroître la misère de personnes déjà vulnérables. C’est pourquoi les citoyens appellent les autorités étatiques à régulariser le secteur locatif, afin de freiner les excès des propriétaires et de soulager la misère des citoyens dans un contexte d’insécurité et de crise sanitaire et humanitaire.