Depuis le début des affrontements liés à la montée en puissance des bandes armées, le CHU La Paix est devenu le témoin silencieux d’une tragédie nationale. Avec plus de 115 cas de blessures par balles enregistrés depuis le début du mois de novembre, cet établissement à bout de souffle peine à garder ses portes ouvertes et à répondre à une détresse grandissante.
Le mardi 26 novembre, un sinistre record a été atteint : en un seul après-midi, 11 nouvelles victimes de balles perdues – ces fameux « bal mawon » – ont été admises dans ses services déjà surchargés, rapporte le Dr Paul Junior Fontilus, directeur médical de l’hôpital.
« Les balles perdues continuent de faire des victimes innocentes et notre capacité d’accueil est totalement saturée », déplore le médecin, visiblement dépassé par l’aggravation de la crise.
Une institution en alerte permanente
Aujourd’hui, l’Hôpital Universitaire La Paix est l’une des rares institutions publiques encore en activité dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Mais son fonctionnement tient du miracle. Faute de moyens suffisants, les équipes médicales travaillent dans des conditions extrêmes, jonglant avec le manque de matériel, l’afflux constant de patients et l’insécurité galopante.
Les couloirs des hôpitaux sont transformés en salles d’attente de fortune, les lits sont occupés bien au-delà de leur capacité et les familles des patients vivent dans la crainte permanente d’un drame irréversible.
Un silence inquiétant des autorités
Pendant ce temps, le gouvernement dirigé par le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé semble étrangement absent face à cette urgence humanitaire. Aucune mesure concrète n’a été annoncée pour venir en aide aux hôpitaux débordés ou pour contenir l’escalade de la violence.
Quant à la population, elle s’interroge : où est l’État dans ce drame ? Comment expliquer cette inaction face à une crise qui menace non seulement des vies, mais aussi les fondements mêmes du système de santé publique ?
« On ne peut pas continuer comme ça », prévient un membre du personnel soignant sous couvert d’anonymat. « Chaque jour, nous voyons des vies brisées et nous n’avons plus les moyens d’y faire face ».
Il est temps d’agir
Alors que le pays s’enfonce dans une spirale de violence et de chaos, il devient urgent que les autorités montrent qu’elles sont à la hauteur des défis colossaux qui les attendent. L’Hôpital Universitaire La Paix, comme d’autres institutions publiques en crise, ne peut plus attendre.
Une réponse immédiate et coordonnée est nécessaire pour sauver ce qui peut encore l’être : renforcer la sécurité, donner des moyens aux hôpitaux, et surtout redonner un semblant de stabilité à une capitale qui étouffe sous le poids de l’abandon.
En attendant, les médecins, les infirmières et le personnel de santé restent au front, malgré tout. Leur lutte exemplaire et héroïque nous rappelle tristement l’urgence d’une véritable réponse nationale.