A peine entré en fonction, le gouvernement d’urgence semble déjà pris en otage par ses propres contradictions. Lors de son investiture, le président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Leslie Voltaire, et le Premier ministre avaient promis de s’attaquer rapidement aux nombreux problèmes qui asphyxient le pays. Une déclaration solennelle qui a suscité l’espoir, mais qui, à ce jour, s’apparente plus à un discours creux qu’à une véritable feuille de route.
En effet, moins de deux semaines après son entrée en fonction, cet exécutif de transition donne déjà l’impression de fuir ses responsabilités. Sous prétexte d’insécurité galopante, les principaux ministères – notamment la Justice, les Finances, la Défense, le Commerce et les Affaires sociales – ont fermé leurs portes, incapables de fonctionner dans les zones contrôlées par les gangs. Une démonstration éclatante d’impuissance, alors que le gouvernement s’était engagé à relever le défi avec « urgence et détermination ».
L’exemple le plus frappant de cet échec est sans aucun doute la promesse du président de la CPT de hisser le drapeau national chaque semaine au Palais national, comme symbole de la souveraineté et de la résilience de l’État. Cette initiative, censée inspirer confiance et espoir, n’a eu lieu qu’une seule fois, avant de tomber dans l’oubli. Pire encore, le Palais national, censé incarner l’autorité de l’Etat, a été visiblement abandonné par ses locataires au profit de la Villa d’accueil, refuge symbolique de l’incapacité de l’exécutif à réinvestir les lieux de pouvoir.
Cet immobilisme traduit non seulement une incapacité à agir face à l’urgence, mais aussi une peur manifeste de se confronter à la réalité du terrain. Alors que le pays est à genoux, les citoyens attendaient un gouvernement audacieux, prêt à prendre des décisions courageuses. Au lieu de cela, ils assistent à une fuite en avant, où les promesses sont trahies dès le départ et où les dirigeants semblent plus préoccupés par leur propre sécurité que par celle de la population.
Face à cette inertie, une question se pose : ce gouvernement d’urgence est-il vraiment à la hauteur des défis qu’il prétend relever ? Ou n’est-ce qu’un épisode de plus dans l’interminable saga d’un Etat haïtien déconnecté de la réalité, incapable de s’affirmer et de rassurer une population laissée à la merci des gangs ?
Si l’urgence est de mise, il est grand temps que cet exécutif fasse preuve de courage et de leadership. Sinon, il risque d’entrer dans l’histoire comme une énième tentative de gouvernance ratée dans un pays en crise permanente.
Source Image: bdnews24.com