« Suite à de graves menaces proférées à l’encontre de son personnel par des membres des forces de police haïtiennes, Médecins Sans Frontières (MSF) se voit contrainte de suspendre ses activités à Port-au-Prince jusqu’à nouvel ordre », a indiqué l’agence non-gouvernementale dans un communiqué de presse publié mardi 19 novembre 2024. Une décision qui risque d’avoir des conséquences graves sur la vie des blessés dans la région métropolitaine.
Réputée pour ses services depuis trente ans aux personnes blessées dans les différentes régions en Haïti, Médecins sans frontières se trouve à présent confronter à une nouvelle réalité où elle devient cible des agents de police et civils armés des différentes brigades de surveillance dans l’aire métropolitaine. À un moment où les blessés par balle et les accidents de circulation sont en nette expansion, la suspension des activités de MSF marque un tournant dramatique à la crise haïtienne.
« En Haïti et ailleurs, nous avons l’habitude de travailler dans des conditions d’insécurité extrêmes, mais lorsque même les forces de l’ordre deviennent une menace directe, nous n’avons d’autre choix que de suspendre nos projets. Toutes les admissions de patients à Port-au-Prince sont interrompues jusqu’à ce que les conditions nécessaires soient réunies pour reprendre nos activités », a déclaré Christophe Garnier, chef de mission de MSF en Haïti.
Cette situation intervient après plusieurs incidents survenus depuis le début du mois de novembre entre la police nationale et des convois de Médecins sans frontières. Les responsables de l’agence de santé non-gouvernementale ont accusé les agents de police d’avoir systématiquement entravé leur travail qui ne vise qu’à prodiguer des soins aux personnes blessées ou victimes de viols.
« Chaque jour de suspension de nos activités est une tragédie, car nous sommes l’un des rares prestataires de nombreux services médicaux, qui sont restés ouverts durant cette année extrêmement difficile. Mais nous ne pouvons plus continuer à opérer dans un environnement où notre personnel risque d’être attaqué, violé ou même tué », a poursuivi le chef de mission.
Pour rappel, selon les estimations fournies par les responsables, Médecins sans frontières « prend en charge en moyenne plus de 1 100 patients en consultations externes, 54 enfants dans des situations d’urgence, plus de 80 survivants de violences sexuelles et sexistes, ainsi que de nombreuses personnes brûlées. » Des personnes qui pourront se retrouver en grande difficulté en cas de blessure par balle ou accident de circulation.