La scène est devenue tristement habituelle dans plusieurs quartiers de la capitale. A Solino et dans les environs de Delmas, la fuite est devenue une solution désespérée pour des familles entières, délogées par la violence qui gangrène leur quotidien. Ce mardi matin, l’entrée d’une école communale de Delmas 31 s’est transformée en refuge improvisé. Des mères qui allaitent, des bébés blottis contre elles, des personnes âgées au pas hésitant portaient un message silencieux : la peur a triomphé, mais pour combien de temps encore ?
La question est sur toutes les lèvres : que fait la société face aux exactions des hommes armés de « Viv Ansanm » ? Leurs actions s’intensifient, tandis que l’Etat, spectateur impuissant, semble ignorer l’urgence d’une réponse structurelle et humaine. L’insécurité à Solino est symptomatique d’un mal plus grand : la démission collective, où les communautés se retrouvent abandonnées, livrées à elles-mêmes.
Mais ces déplacements forcés ne sont pas seulement l’histoire d’un quartier, ils mettent en lumière l’incapacité d’une société entière à protéger ses membres les plus vulnérables. Combien de temps encore les mères devront-elles fuir avec leurs enfants dans les bras ? Combien de fois encore les citoyens de Delmas devront-ils choisir entre l’exil et la mort ?
Mais au milieu de cette tragédie, une question brûlante se pose : où est la colère populaire ? Les résignés d’hier peuvent-ils devenir les résistants de demain ? Dans leur fuite, un jour viendra-t-il où ils se retourneront pour faire face à la situation ?
Cet appel à un réveil collectif ne doit pas être étouffé par la peur. Les quartiers comme Solino ont besoin plus que de soutiens ponctuels ou de promesses politiques. Ils ont besoin d’une vision d’ensemble, d’une véritable solidarité nationale pour endiguer la vague de terreur. Si rien ne change, le spectacle de ce mardi à Delmas 31 ne sera qu’un chapitre de plus dans le livre de l’abandon collectif. Et nous ne pouvons pas nous le permettre.